À l’heure où l’industrie textile est au cœur d’une prise de conscience environnementale et éthique, les Archives nationales reviennent sur son histoire en France afin de saisir l’immense importance économique et sociale qu’elle a occupée dans notre pays, avant qu’elle ne s’effondre à la fin du XXe siècle.
Focus sur l’œuvre d’Anaïs Beaulieu
6 000 mètres de liens
Made in France. Une histoire du textile souhaite montrer comment l’État a accompagné cette industrie, depuis les efforts de Jean-Baptiste Colbert sous Louis XIV jusqu’aux plans gouvernementaux des IVe et Ve Républiques pour tenter de la sauver des crises économiques. Elle présente ainsi l’action des gouvernements sur plusieurs siècles pour contrôler, connaître et encourager la production du textile français, des fibres naturelles aux matières synthétiques.
Design par Walid ZEKRI
En dialogue avec l’exposition, les Archives nationales accueillent Anaïs Beaulieu, plasticienne et brodeuse. La présentation de ses œuvres, pour la plupart réalisées à base de matériaux de récupération, prolonge la réflexion sur les enjeux environnementaux de l’industrie textile.
Dès la cour d’honneur, le visiteur pourra découvrir une œuvre collective qui se déroulera tout le long de la colonnade. Une cinquantaine de personnes de Seine-Saint-Denis participent depuis le mois de mars à des ateliers de broderie urbaine pour tisser et broder un motif retrouvé dans un numéro de Modes et travaux des années 60. Une façon de faire du lien entre les deux sites des Archives nationales.
Ce projet n’aurait pu voir le jour sans la Société Choletaise de fabrication qui, impliquée dans un une démarche RSE (responsabilité sociétale et environnementale), a fourni les 6 000 m de galon nécessaires à la réalisation de l’œuvre.
L’exposition raconte une histoire du textile « Made in France » en s’appuyant essentiellement sur la riche collection d’échantillons conservés aux Archives nationales dans les fonds consacrés au commerce et à l’industrie, et pour la première fois montrés au public. Particulièrement bien documentés, ces échantillons sont représentatifs de la grande diversité d’une production disparue aujourd’hui, des étoffes les plus populaires aux plus luxueuses.
En dialogue avec des pièces provenant de diverses institutions, ces archives, mémoire des politiques commerciales menées dans le pays, témoignent de l’importance de cette industrie. Elles représentent une source indispensable pour comprendre l’histoire du textile en France du milieu du XVIIe siècle à nos jours et le rôle central qu’elle a occupé dans la vie de la multitude d’individus qui ont participé à son essor, de la production de matière première à la consommation finale.
Organisée en quatre temps, l’exposition parcourt plus de trois siècles de développement industriel en France qui dessinent en filigrane la doctrine de l’État pour cette filière : connaître, contrôler et soutenir.