Matisse comme un roman Fenêtre, roman histoire

, par Stéphanie Konrad

Covid 19 oblige, un accès virtuel à l’Expo « Matisse, comme un roman » nous est proposé par Aurélie Verdier, conservatrice au centre Pompidou. Cette exposition, en hommage au 150e anniversaire du peintre et sculpteur Henri Matisse (1869 – 1954) nous permet de voir ou revoir ses œuvres emblématiques de façon chronologique. Ainsi, on commence par l’une de ses premières toiles, alors qu’il étudie aux Beaux Arts de Paris auprès de Gustave Moreau, puis la commissaire de l’exposition nous dévoile les œuvres de jeunesse qui témoignent des diverses influences de l’artiste : Corot, Rodin, Signac …
On traverse grâce à Matisse différents mouvements artistiques auxquels il a participé tels que le divisionnisme, le fauvisme. On peut également sentir un intérêt pour le cubisme, même s’il s’en défendait puisque Picasso était son grand rival, dans certains nus traités de façon très sculpturale ou dans la série des bas-reliefs « les dos », réalisés entre 1909 et 1931 dans l’épuration, la stylisation des formes.
Mais le summum de ses expérimentations plastiques intervient à partir des années 1940 lorsqu’il se trouve dans une impasse entre dessin et couleurs. Le projet du livre Jazz, va être un élément déclencheur : il va directement dessiner dans la couleur avec ses gouaches découpées (Icare, 1946 jusqu’aux nus bleus de 1952).
C’est aussi de cette façon qu’il procèdera pour le projet de la Chapelle du Rosaire à Vence.
Mais regardez plutôt ! En cliquant sur le lien.

Les premiers mots du livre Henri Matisse, roman (1971) de Louis Aragon désignent un motif matissien entre tous, la fenêtre : « La porte s’ouvre sur le passé. Ou la fenêtre ». Signe d’une ouverture, d’un passage, d’un changement (ou d’une permanence) pour le peintre qui regarde le monde depuis son atelier ; métaphore aussi d’un dispositif optique et monde en réduction – celui de la peinture et de son histoire en Occident ; un cadrage. L’une d’entre elles retient particulièrement l’attention de l’écrivain. C’est Porte-fenêtre à Collioure, une œuvre de 1914, mystérieusement recouverte d’un badigeon noir, que Matisse nomme le « balcon ouvert » au détour d’une lettre à son épouse Amélie, et qu’il ne signera pas. Dans Henri Matisse, roman, Porte-fenêtre à Collioure est reproduite en une séquence singulière, où l’écriture du poète, biffure comprise, se juxtapose à l’image. On y lit : « La porte-fenêtre de Matisse (1914), le plus mystérieux des tableaux jamais peints, semble s’ouvrir sur cet "espace" d’un roman qui commence. »

Voir en ligne : Visite exclusive de l’exposition Matisse, Centre Pompidou