Une nouvelle fois, les terminales CVPM du lycée Claude-Garamont sont partis en octobre visiter la Sérénissime.
C’est en car grand tourisme qu’ils parcourront de nuit les 1200 km qui les séparent de leur destination. C’est avec beaucoup d’enthousiasme et un programme chargé que les jeunes graphistes traverseront les Alpes, le val d’Aoste, le Piedmont, la Lombardie avant la Vénétie.
Vers 8 heures du matin, ceux qui ont mal dormis découvrent, en bateau sous un ciel clément, la lagune et ses îles jusqu’à San Zaccaria, qui est le point d’arrivée et le passage obligé pour rejoindre la Place Saint-Marc. L’épuisement se fait sentir relayé par l’émerveillement face au site. Il est vrai que la troupe longe le campanile et les façades de la Basilique avant de s’engouffrer dans le labyrinthe de quelques ruelles pour y prendre le petit déjeuner.
Les étudiants prendront un itinéraire tandis que les élèves passeront le pont du Rialto vers son marché, aussi central que célèbre. Mais ce jour-là, les étals sont peu nombreux car les pavements des places sont immergés par la marée d’automne. Les vénitiens connaissent le phénomène de l’acqua alta et accueillent ses inondations avec sérénité.
Les élèves dessineront la façade du Ca’ Doro (la maison d’or), qui est un palais renaissant qui abrite une collection de peintures et de sculptures. Une discussion sera menée autour des styles, renaissant, gothique et oriental qui caractérisent non seulement ce bâtiment mais la plupart des palais du Grand Canal.
L’après midi, c’est la fondation Peggy Guggenheim qui nous accueillera dans l’intimité de ce qui fut la maison de cette collectionneuse d’art moderne. Nous prendrons le temps de voir les grandes figures du XXe siècle ici présentes, de Pablo Picasso à Paul Klee en passant par Jackson Pollock ou Ellsworth Kelly.
Le soir à l’hôtel sur le Lido de Jesolo (La plage de Jésus), les élèves se restaurent et organisent leur chambrée de 4 ou 6 personnes. Les deux journées qui suivront seront dédiées à la visite de la biennale d’art contemporain qui se trouve dans les jardins de la ville (I Giardini) et dans l’Arsenal qui n’est autre que le port militaire historique et sa corderie, qui a permis à cette république marchande de dominer commercialement le marché maritime de la méditerranée au moyen orient jusqu’au XVIe siècle.
88 nations participent à l’événement et il est étonnant de croiser autant de cultures différentes qui viennent ici pour comprendre le panorama qu’offre la création contemporaine. Sur les sites, on parle toutes les langues, même si l’anglais domine. Les étudiants et les élèves découvrent que la création aujourd’hui traite de la peinture et de la sculpture, mais aussi, des images IA, de la vidéo, de l’installation, de l’artisanat, de l’objet et de la scénographie. C’est une multitude de compétences et de métiers qui oeuvre. Les jeunes comprennent que les publics viennent ici prendre la mesure des savoirs-faire actualisés, mais surtout, de prendre le pouls d’un imaginaire mondial, concerné par cette question de la représentation. L’artiste Julien Creuset représentait la France pour l’édition 2024, où il évoquait la pollution plastique des mers et des océans pour une contamination mondiale de l’eau, en soixante ans seulement. Ce plasticien est intéressant dans le sens où il réalise ses installations, ses sculptures, ses vidéos, ses bandes sons et ses propres génériques.
La journée s’est terminée en visitant un chef-d’oeuvre de Giovanni Bellini dans l’église San Zaccaria. La façade de l’édifice est marbrée de blanc et son intérieur est recouvert de peintures, dont cette Madone à l’enfant qui domine le lieu par sa douceur depuis le XVIe siècle.
Le lendemain nous avions rendez-vous sur les deux sites de la fondation François Pinault, pour y rencontrer l’œuvre de l’artiste français, Pierre Huyghe, à la Punta della dogana (la pointe de la douane), et l’œuvre de l’artiste américaine, Julie Mehretu, au Palazzo Grassi (le Palais Grassi sur le Grand Canal). La peinture dominait pour Julie Mehretu alors qu’il était question de technologies automatisées, d’IA et de cinéma auto génératif à la Douane. Cet espace qui se tient à l’entrée du Grand canal a réellement une forme de pointe. C’est par cet endroit que se contrôlaient toutes les marchandises qui arrivaient et partaient de Venise. Nous avons repris le chemin pour Paris en fin de journée pour un voyage retour de nuit.
Nous nous sommes réveillés au petit matin du côté de Chambéry dans un paysage montagneux traversé de brume. Le séjour vénitien touchait à son terme pour ouvrir un temps de vacances nécessaire au repos et au développement des recherches et des travaux commencés sur site.
Jeanpascal Février
9 novembre 2024